Quel dommage ! Je n'avais pas encore de scanner quand j'étais bidasse pour numériser mon treillis ou mes ranjos. Heureusement, il me reste les pièces les plus utiles de l'équipement de combat.
Que de poésie dans ces oeuvres d'art. Quel raffinement ultime. On ne peut qu'être en extase devant la finesse des matériaux utilisés (PVC véritable). Vraiment, je ne comprends pas pourquoi l'armée cherche à se débarrasser de ces chefs-d'oeuvre en les offrant à cette jeunesse décadente qui ne respecte rien.
Celui-ci, c'est mon préféré. Peu de collectionneurs de pin's peuvent se targuer de posséder ce spécimen rare réservé à une élite. Qui ne rêverait pas de parader en l'exhibant fièrement sur un treillis de défilé ?
Quoique, en général, lorsqu'on le porte, c'est mauvais signe : il est réservé aux gardes et aux grandes partouzes militaires avec des famas, des épées étouétou.
Si vous êtes un bon soldat (NDLR: si vous ne réfléchissez pas trop), on vous proposera sans doute une promotion vers le 4ème mois. Vous n'aurez même pas à faire l'effort de négocier l'augmentation qui va avec, l'armée a tout prévu : 663F au lieu de 572F, soit 16% d'augmentation ! Peu d'employeurs proposent une telle augmentation après seulement 4 mois d'ancienneté. Et on dit que les soldats sont mal payés !
Dans un monde idéal (donc égalitaire), tous les jeunes gens en fin d'études (où au milieu d'ailleurs, l'Etat s'en fiche comme de sa dernière réforme) se seraient un jour retrouvés dans un état plus ou moins proche de la stupeur, debout devant leur boîte aux lettres, en étreignant d'un air hagard leur feuille de route avec une destination étrange inscrite dessus. Une fois la première surprise passée, les coups de fil aux copains, les plaintes au tonton-piston ("si, si, je t'assure, tu seras planqué dans un bureau"), les pleurs de la petite amie, il va quand même falloir songer à partir.
Et là, attention !
Un mythe assez répandu veut que "l'armée fournit tout".
Ah ! Ah !, croyez-en les "anciens", il n'en est rien.
Voici donc en exclusivité la liste des effets non officieux bien utiles que vous serez content d'avoir emporté avec vous et dont vous chérirez le souvenir des années plus tard :
De mémoire, l'armée vous demande d'emporter divers papiers, dont la feuille de route, votre carte d'identité, carte de sécu, carnet de santé et votre carte du Service National. A cela s'ajoute deux cadenas (bien utile il est vrai).
du cirage rapide et la "petite-éponge-spéciale-qui-fait-briller-super-vite" : ce n'est pas un mythe, à l'armée, on cire beaucoup (et parfois on cire même le sol en lino, c'est vous dire !). Nos amis le cirage rapide et l'éponge magique ne valent pas le véritable cirage fournit par votre cauchemar en kaki de la perception, mais vous feront gagner un temps précieux le matin (et vous éviteront remarques et punitions, ainsi que la haine de vos camarades d'infortune qui n'auraient pas lu cette liste).
des lacets noirs de chaussures de randonnée : alors bon, à l'armée, on porte des rangers (d'où la question "tu veux un coup de rangers dans la bouche ?", de la part de sergents malicieux, mais énervés), et les lacets sont fournis. Mais ils sont de mauvaise qualité et celui qui n'a pas connu l'angoisse du lacet qui craque juste avant le rassemblement ne peut pas bien mesurer combien un vrai lacet solide est précieux. Il est donc avantageux de se munir du véritable outil de survie de l'appelé de base : le lacet de chaussure de marche. NB : les lacets de l'armée sont plats, en général ceux des chaussures de marches sont ronds. Malgré quelques remarques, j'ai fait toute mon armée avec des lacets ronds et je suis toujours en vie (mais certes un peu décérébré).
des slips : la dotation en slip de guerre de l'armée se limite à deux exemplaires. Si votre notion de l'hygiène excède celle de deux slips pour 4 semaines de classes, merci d'emporter les vôtres !
des serviettes de toilettes : même raison, même punition ! 2 pauvres petites serviettes pour essuyer votre corps crasseux et fiévreux pendant 4 semaines ...
du gel douche et du shampooing (ou un deux en un) : pour ceux pour lesquels le mot savon rime avec Wash & Go, P'tit Dop voire Timotei, vous allez être surpris ! Le savon de l'armée est emballé dans du papier bleu criard, il sent la mauvaise Eau de Cologne à 15 mètres et surtout, surtout, il décape que s'en est à ne plus avoir de peau. Une expérience à tenter une fois et à ne plus renouveler (surtout que vous ne savez pas quoi faire du savon mouillé une fois sorti de la douche).
des clopes et du feu : le bleu-bites n'ayant pas accès pendant les classes au foyer (ni le sien, ni celui de l'armée en fait !), les développeurs de cancer prévoyants souhaitant entretenir leur vice se muniront de petits cylindres blancs remplis de tabac, sous peine de s'en voir privé (ou d'être taxé de taxeur, ce qui est comble).
des Cotons-tiges : surtout pas pour se nettoyer les oreilles (plus elles sont sales, moins on entend les conneries des gradés), mais pour nettoyer le FAMAS, soit le fusil. C'est fou comment une mécanique pensée par des ingénieurs et coûtant des mille et des cents peut dépendre d'un médiocre bout de plastique avec du coton aux deux bouts ! Ne soyez pas radin, emportez directement une boite de 200, votre chambrée vous en sera reconnaissante le jour venu (ou la nuit d'ailleurs !)
de quoi manger (si possible petit, discret, énergétique et bon) : à l'armée, on est bien nourri, surtout si l'on n'est vraiment pas difficile. Pour changer du régime pain, pain et pain (pour ceux qui n'aiment pas les haricots réduit en bouilli, les patates genre farine agglomérée, les steaks comme une semelle, etc ...), quelques petites douceurs bien planquées dans votre chambre vous redonneront du baume au cœur (et assez d'énergie pour continuer à faire le mariole !)
une carte de téléphone, ou mieux, un portable : c'est pas qu'on est souvent le droit de téléphoner pendant les classes, mais il est vrai que les rares fois où on peut, il est rageant de ne pas pouvoir à cause d'une négligence (vous avez laissé votre portable à la maison, ou donné votre carte à votre petite sœur)
des pansements et un désinfectant en "pschitt" : on ne se fait pas très mal pendant les classes, mais quand ça arrive, et que ça s'appelle des ampoules notamment, il est bien utile de pouvoir se transformer en infirmière (un peu de présence féminine, que diable !), pour éviter la gangrénisation du bobo.
des baskets type "running" ou "multisport" : la notion de chaussures de basket à l'armée est assez proche de ce que dans le civil on appelle chaussures de plage, ou plus communément "tongues". Bref, un vague bout de plastique en guise de semelle, et un peu de tissus autour. Vous serez donc heureux d'avoir vos Nike Air de la mort pour amortir l'impact des conneries qu'on vous braille pendant que vous suez sang & eau. NB : attention, l'armée étant l'égalité et l'uniformité, vous ne serez peut-être pas autorisé à porter vos baskets si tous les p'tits gars de votre unité chérie n'en ont pas !! Et d'un, pas de gaillards avantagés par rapport aux autres (ce qui est normal après tout) mais surtout, surtout, pas de couleurs différentes dans l'unité !! Tout le monde pareil !! Non mais !!
un livre, une game-boy, un jeu de carte, etc ... : en réalité, très peu utile, puisque les seuls moments de liberté pendant les classes, on dort. Néanmoins, à la fin de la période, c'est un peu plus cool (où alors vous êtes dans un camp disciplinaire !) et une détente est bienvenue. Privilégier plutôt le ludique à l'intellectuel, même les mecs de Maths Sup' deviennent limités après 4 semaines de rouleau compresseur.
Les choses que vous n'avez absolument pas besoin d'emporter : des capotes (elles sont fournies et bien inutiles, il n'y a pas de filles -ou alors elles sont engagées !!), des révisions (vous êtes étudiant, d'accord, mais vous n'aurez pas le temps), votre stock de blagues cons (seuls les gradés ont le droit d'en sortir), vos bagues, chaînes en or, boucles d'oreilles, etc (seules les alliances sont autorisées).
Ca y est, les classes c'est fini, et vous allez à l'Eirel ! Ah Ah, la planque ! Houla, oui, mais attention, même dans une planque, on peut avoir besoin de quelques éléments de survie vraiment indispensables : Solution a ) habitant Strasbourg, vous rentrez chez vous tous les soirs. Votre kit de survie comprend : clopes, feu, en-cas (à moins qu'ils ne soient officialisés, cf. les pauses-cafés du B. Inf. avec biscuits "étouffe-chrétiens" à 5 fr les 2 kilos !!), et éventuellement (en fonction des services) téléphone portable, magasine, livre et passe-temps divers. Les jours de sports, vous venez en basket et jogging bleu de fonction. Solution b) n'habitant pas Strasbourg, vous dormez à l'EIREL tout les soirs. Votre kit de survie comprend : clopes, feu, en-cas divers, baskets de sport + - du shit (si vous êtes consommateur)
de la lecture, une game-boy, un jeu de carte
des K7 vidéo pour mater en salle vidéo
un programme TV pour connaître l'heure des matchs de foot
de la monnaie pour acheter boissons et en-cas au distributeur du couloir, ou aller au foyer
des tenues cool et décontractées pour sortir "en ville"
un Walkman ou une mini-radio, suivant que vous êtes solitaire ou partageur
des K7 audios si vous avez emporté une mini-radio et que vous êtes partageur
carte de téléphone ou portable (sauf si vous êtes seul au monde et que vous n'avez pas d'amis) Attention, à L'EIREL, vous n'emmenez pas : d'alcool (bière ou vin), puisque vous le piquez à l'Ordinaire (même si c'est interdit), de K7 vidéos de cul, puisqu'elles sont fournies pas "Mister X" (il y a un gars comme ça dans chaque unité, renseignez-vous), de magazines sur le tunning automobile, puisqu'il y en a plein à la garde.